L'homme et la machine [PV Jarod]

"Putain... S'il a survécu... Je le vénère..."

Ha ha... Très drôle, je dirais même plus, hilarant.N'étais-je pas un « dieu vivant », du point de vue de la science ? Ou plutôt, du point de vue des actionnaires ayant participé au financement de mon armure ? Je ne le savais pas, je ne désirais toujours pas le savoir. Mais c'est alors, que l'on remet sa propre existence en question, et, face aux faits accomplis de notre propre côté suicidaire, on se demande si tout cela a un sens, aussi quelconque soit-il… puisque je n'ai pas la réponse, je vais me contenter de me recentrer sur ce qui est le plus important à l'heure actuelle… à savoir ce que je dois faire, maintenant que je suis sans doute mort aux yeux du petit albinos qui m'accompagnait…

Dans un premier temps, il m'était en effet venu à l'idée de l'attendre. Mais très vite, j'abandonnais cette idée, et ce pour deux raisons. Premièrement, il ne viendrait pas me chercher, parce qu'il me croirait sans doute mort. Et deuxièmement, il valait mieux que je bouge. J'étais certes seul pour le moment, mais d'après ce que j'avais pu comprendre, entre ces espèces de zombies, et les gens qui tentaient de survivre, il pouvait parfois y avoir beaucoup d'animation pour pas grand-chose. Et étant donné mon état quelque peu pitoyable, je ne désirais pas m'attarder en un tel lieu, qui, avec l'énorme cratère et les quelques flammes résiduelles de l'impact et de l'explosion, ressemblait parfaitement à une scène de film post apocalyptique dramatique où le héros allait crever. Je ne voulais pas crever. Il était temps de question que je crève.

Je décidai donc de me mettre en route dans la supposée direction de mon ami. Tandis que je marchais sur le sol en ruine du toit de l'immeuble, ma botte rencontra un liquide quelque peu visqueux, semblable à du sperme, le côté verdâtre en plus. Peut-être était-ce une sorte de muqueuse permettant comme le liquide amniotique, à certaines saloperies de se développer plus ou moins. En tout cas, c'était bien dégueulasse et bien collant. Pour la petite anecdote, ça me rappelle ma première fois avec une collégienne. Et vu que je n'étais pas majeur à cette époque-là, ce n'était pas de la pédophilie, rassurez-vous. Toujours est-il que cette sensation mi liquide mi épaisse, et collante, je la connaissais. Ça me rappelait le mastic. D'ailleurs, je vois déjà vos esprits mal foutus qui s'alarment. La jeune collégienne et le mastic n'ont aucun rapport. Si ce n'est que cette jeune fille eue besoin de se faire refaire les jointures après mon passage.... voilà, j'ai dit une connerie, je suis blasé…

Une fois arrivée en bas de l'immeuble, parce que oui, même si je dis des conneries, je sais avancer, je me suis lentement mis en direction de l'albinos. Au passage, je ne le trouve absolument pas crédible. Ce petit côté albinos, ça le rend tellement mignon, comme un personnage d'anime japonais, que ça lui retire toute crédibilité. Si je pouvais, j'en dessinerais une version chibi sur le champ. J'avais du mal à marcher. J'avais du mal à respirer. Mes systèmes internes devaient être foutus.

Par contre, malgré mon malheur, ma stupidité, et mon côté suicidaire, j'avais eu la bonne idée de préserver les armes. Je les avais toujours sur moi, au cas où. Même sans munitions, ça pouvait être dissuasif. Enfin, j'espérais que ça suffise. Je n'étais pas en état de me battre. Et à cause d'un dysfonctionnement, ma respiration était semblable à celle de Dark Vader. C'était assez glauque. Et étrangement, cela semblait repousser certains adversaires. Il est évident que même dans un Paris dévasté par le chaos, le côté obscur continu de faire son effet. Ou alors, c'était juste de la paranoïa de ma part. En plus, j'étais couvert de suie, ce qui me faisait une armure noire, et du sang recouvrait l'intérieur de ma visière, la teintant en rouge. À part ça, ça n'avait pas changé mon style. J'étais passé de héros américain de jeux vidéo en mode cosplay, à héros américain de jeux vidéo en mode dark. Ce monde est mal foutu, sans déconner…

Et je marchais, sans réel but, sans réel objectif à atteindre. J'espérais juste que l'autre couillon me trouve, avant que ce ne soit les ennuis qui viennent à moi…