Dany Li : 我是你的最不好恶梦。Compris?

Quand est-ce que ma vie a changé? Pas tout de suite au moment de l'épidémie en tout cas. A cette époque j'étais encore étudiant en médecine, déjà bien avancé dans mon parcours, promis à un brillant avenir. Ma vie était alors un vrai rêve, mes parents m'avaient laissé seul en France dans un petit appartement dès le début de mes études, pendant que eux étaient retournés vivre en Chine avec ma petite soeur et attendaient que je sois diplômé pour pouvoir les rejoindre. Je n'ai jamais vécut en Chine, j'y suis bien déjà allé pendant les vacances mais je ne m'imaginais pas quitter la France, le pays où je suis né, pour le pays de mes ancêtres paternels. C'est ma mère qui était française, et c'est elle qui a choisit mon prénom à l'américaine, allez savoir pourquoi. Maintenant, la question ne se pose plus. J'avais beaucoup d'amis avant, j'avais même une petite amie - et un petit ami, mais passons, aujourd'hui je ne peux pas appeler les personnes avec qui je traîne des amis. Disons plutôt des compagnons d'infortune. Il a bien fallut que je me trouve un nouveau point d'attache une fois seul et livré à moi-même, j'ai donc tout naturellement rejoins le groupe des Hyènes.

Comment en suis-je arrivé là... tout naturellement quand votre université ferme ses portes vous vous retrouvez du jour au lendemain sans rien à faire de vos journées, quand vous n'avez plus de nouvelles de votre famille restée à l'autre bout du monde vous commencez à perdre espoir, et quand l'anarchie pointe le bout de son nez vous n'hésitez pas une seconde à dévaliser votre ancien campus, surtout quand il regorge de trésors inestimables. Avec ma formation de médecin bien entamée j'ai appris beaucoup de choses sur le corps humain, en principe des choses qui sont supposées sauver la vie, mais qui peuvent tuer tout aussi efficacement quand on les détourne. Une seringue avec la bonne dose de produit, un chiffon imbibé avec de quoi assommer un bœuf, un scalpel pour trancher les artères. Il y a aussi de quoi se déglinguer facilement, pas besoin de drogue ou d'alcool, les médicaments sont tout aussi efficaces. Je n'aurais jamais pensé avoir un tel instinct de survie et avoir abandonner aussi facilement mes valeurs de futur médecin. Sans doute suis-je au fond une personne égoïste qui préfère prendre la vie des autres pour protéger la sienne, au lieu de donner une chance à chacun de survivre. C'est donc comme une fleur que je suis arrivé chez les hyènes, où je me suis fait ma propre chambre pour pouvoir exercer mes talents plus tranquillement. J'accepte de soigner, mais comme tout le monde le sait, rien n'est gratuit en ce bas monde.

A quoi vais-je consacrer ma vie désormais? Surement pas à perdre mon temps comme ces utopistes d'Espoirs, à chercher un quelconque médicament ou vaccin pour sauver le peu d'humanité qu'il nous reste. Nous sommes voués à disparaître, alors autant profiter de la vie avant qu'elle ne s'éteigne à jamais.

享受生活。