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 L'expérience est un professeur brutal, mais on apprend – [PV Sarrah]

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Massial Jordan


Massial Jordan

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MessageSujet: L'expérience est un professeur brutal, mais on apprend – [PV Sarrah]   L'expérience est un professeur brutal, mais on apprend – [PV Sarrah] Icon_minitimeJeu 2 Juin - 13:45

Paris, 12ème arrondissement
18h27, 28 février 2022


TapTapTapTapTapTapTap

Le souffle court, le bruit frénétique de ses chaussures sur le bitume lui sembla résonner dans la luminosité déclinante et ricocher sur les murs des bâtisses l’entourant. Il n’avait aucun besoin de se retourner, pour savoir que les premières silhouettes redoutées venaient de passer l’angle.

« Ma.. Massial… »

Devant eux, une silhouette au teint cireux venant à leur rencontre leur barrait la route. L’étudiant ne ralentit pas.

« Il n’y en a qu’un, on passe » trancha-t-il inflexible avec une assurance qu’il ne possédait pas quant à la suite.

Massial ne savait qu’une chose. Il ne fallait rien lâcher. Ne pas perdre de temps. Ils n'en avaient pas pour les doutes. Ils n’en avaient qu’assez pour agir. Agir. Agir et se sortir de cette merde.

Il accéléra, fondit de lui-même sur l’infecté, le saisissant à la gorge et lui enfonçant sa lame déjà souillée dans l’oreille jusqu’à la garde avant de la ressortir aussi sec, puis se remit en mouvement, poursuivant immédiatement leur chemin. Geste net et immédiat. Loin des premières hésitations.

Il sentit les bras de l’enfant se resserrer, s’accrochant du mieux qu’elle pouvait pour ne pas glisser de son dos. Ralentissant sans pour autant s’arrêter, et la calant mieux, le blond l’aida à remonter d’une légère secousse.

S’apprêtant à tourner, le jeune homme se ravisa, surprenant de nouvelles abominations en plein repas, dans la ruelle adjacente. Au loin, des coups de feu de l’armée crépitèrent en direction du barrage. Sûrement vains d’avance, aux vues de la merde qui se répandait comme une trainée de poudre dans cette partie de l’arrondissement. Une merde se résumant à quatre mots : le barrage avait cédé.

Un crissement de pneus suivit de près d’un bruit de taule froissée éclata à quelques rues de là.
Sa course les fit débouler en trébuchant de fatigue dans la petite cour privative d’une coquette habitation. Charmante cour. Charmant tombeau. Leurs yeux se posèrent instinctivement sur le mur leur barrant le chemin.

« Coincés » souffla la voix blanche de Calypso à son oreille.

Le neveu de Jimmy eu une demi-seconde de flottement, comme foudroyé sur place par la vision de l’obstacle, avant de se précipiter vers la porte arrière de l’habitation. Bloquée. Jurant entre ses dents, un premier coup d’épaule vint frapper l’épais rectangle qui ne bougea pas malgré le craquement qu’il laissa entendre. Un second n’eut pas meilleur résultat. Quelque chose la bloquait de l’intérieur. Les volets de l’unique fenêtre accessible, ne se laissèrent pas plus facilement arracher, manque de prise. L’adrénaline ne lui laissa pas ressentir la douleur des chocs donnés. De même que ses muscles en feu étaient plus que secondaires.

SHIT !

Ses yeux se posèrent à nouveau sur la porte.

Sa tête lui sembla sur le point d’exploser, alors que son cœur battait comme un tambour et qu’il avait l’impression de souffler comme un bœuf suite à cette course interminable.

Combien étaient-ils ? … Sept… Huit… Il n’avait encore jamais eu à faire face à autant de contaminés. Pas seul. Pas avec autant à la fois en combat rapproché, en tout cas. Pas comme ça. Les rencontres s’étaient faites plus fréquentes lors des dernières semaines, mais pas forcément directes. Le glock en partie caché par son haut avait fait plus que sa part de travail, ces derniers temps, en particulier ce jour là. Il était bon tireur. Une balle. Une tête. Mais sans munition, pas de miracle.
Dans d’autres circonstances, il aurait également su passer le mur. Mais pas dans son état actuel. Pas avec Calypso… Pas assez vite en devant cumuler ces deux éléments.

Son regard descendit sur une large planche jurant avec le reste de la porte.



Ils avaient un animal !

La famille qui vivait là avait condamné une entrée destinée autrefois à un animal ! Et pas un tout petit ! Une enfant pourrait peut-être passer… Peut-être… Sûrement. Ils avaient peu d’autres choix.

« Descends. Descends ! » ordonna-t-il finalement, avant de répéter l’ordre, pressant la gamine.

« Non ! Non ! Me laisse pas ! Me laisse pas ! T’as pas le droit de m’abandonner aussi ! T’avais dit q’tu resterais avec moi ! Que toi, tu resterais ! Qu’on les retrouverait ensemble ! Que… »

La voix de la petite, vive et paniquée, monta crescendo dans les aigus, alors qu’il se dégageait durement, malgré ses tentatives à elle de s’accrocher désespérément. Sur ses jambes fragilisées et mal assurées, elle s’agrippa à son bras avant d’être brusquement écartée lorsqu’il se tourna vers la porte.

« 'Tin ! La ferme ! Tu entres et tu t’enfermes où tu peux » grogna-t-il en décochant un premier coup de pied qui fendit largement le bois.

Massial n’avait plus qu’à espérer que la fille de Kelly ne ferait pas de mauvaise rencontre à l’intérieur et que si elle en faisait une, elle utiliserait le couteau de cuisine qu’elle trimbalait. Qu’elle saurait. Qu’elle y arriverait.
Massial aurait voulu la rassurer, ajouter les bons mots. Ils n’avaient pas le temps. Elle devait obéir. Point. Et lui se battre. Il devait les sortir de là. Personne ne le ferait pour eux.
Un second coup et son pied brisa partiellement la planche dont les côtés ne tinrent plus que par les clous. Le futur solitaire s’interrompit lorsque le cri de surprise que laissa échapper sa jeune compagne d’infortune lui servit d’avertissement. Il fit volte face, la vit se plaquer dos à la porte et attrapa l’unique objet volumineux présent, renversant sans ménagement la table entre la fille et l’entrée de la cour, en guise de maigre bouclier improvisé.

Deux secondes plus tard, le premier corps s’effondra, la boite crânienne profondément percée au niveau de la tempe. Le seul avantage que présentait la cour, c’était celui d’être un lieu moins étroit que la ruelle qui y menait, tout en n’étant malheureusement pas bien grande non plus.
Des cris de terreur montèrent d’une rue du quartier dans la nuit tombante avant de se muer en cris de souffrance, alors qu’il se décalait afin de faire face à son adversaire suivant sans se faire prendre en tenaille. Cette fois-ci, le corps fut retenu pour être rageusement projeté vers l’assaillante la plus proche, lui offrant tout juste le temps de se retourner vivement par la suite pour décocher un coup de pied dans le même élan à l’une de ces choses trop proche et la faire reculer de deux pas… Assez pour se saisir de l’une des vieilles chaises présentes et l’écraser sur la première tête qu’il put atteindre, puis esquiver un nouveau risque d’étreinte, les deux éléments éclatant au contact brutal l’un de l’autre.

« Aaaaaah ! »

Un bref coup d’œil vers la porte lui montra la table en partie écartée et Calypso pratiquement entrée par l’ouverture qu’elle avait visiblement su agrandir, un infecté accroché à une chaussure qui lui resta dans les mains, lorsque l’enfant se glissa entièrement dans l’habitation.

Bien. Planque-toi…

La voix suppliante et atténuée de la gamine lui parvint immédiatement, pressante, incompréhensible, sans sembler lui être adressée.

Massial se tendit. S’il y en avait face à elle, elle devrait gérer… seule.

Sa lame ripa, entaillant largement le front d’un nouvel infecté sans toutefois percer la surface osseuse, par manque de précision et de force. Il ahana sous l’effort en le repoussant durement, enfonçant son arme de bas en haut sous la mâchoire d’un autre contaminé qui s’effondra avec avant que le blond n’ait eu le temps de la dégager. Pivotant sur lui-même son coude s’écrasa sur un nez qui craqua et la force de son coup déséquilibra la silhouette de son attaquant. L’étudiant tituba également en reculant vers le mur du fond, essoufflé, la sueur de la récente course collant son haut à sa peau et perlant à son front.

Un frottement sourd monta de l’entrée de l’habitation, alors qu’il se dégageait sèchement de deux bras avides et se saisissait à deux mains de la tête de leur propriétaire pour mieux la mener à la rencontre de son genou qu’il remonta violemment, s’offrant la maigre satisfaction d’un nouveau craquement.

Des points noirs dansèrent dans son champ de vision. Il chancela, dos au mur, manquant de tomber en retenant à bout de bras la femme défigurée qui se jeta sur lui dents en avant. Son regard sombre se posa sur celui voilé, et pendant un instant il n’y eut rien d’autre… Rien d’autre que ce tête à tête avec la mort gémissante et puante mettant à mal le peu d’énergie lui restant. La porte s’ouvrit à la volée. Des doigts aux ongles longs et irréguliers lui éraflèrent la joue et le bras, s’enfonçant dans celui-ci à travers le tissu et lui laissant échapper un cri étouffé, alors qu’une nouvelle ombre fondait vers eux.
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MessageSujet: Re: L'expérience est un professeur brutal, mais on apprend – [PV Sarrah]   L'expérience est un professeur brutal, mais on apprend – [PV Sarrah] Icon_minitimeJeu 2 Juin - 23:14

Les rêves… Moyen de réminiscence de notre passé.

J’en fis une nouvelle fois l’amère expérience. Me réveillant en sursaut, emprunt d’une panique absurde et immense, avec pour seul souvenir un visage. Celui d’Eric. Dans mes bras. Ce qui restait de lui. Toute lumière ayant disparu de ces yeux verts grands ouverts. Son regard si pétillant d’intelligence et de bienveillance à jamais éteint.

La douleur...

Si vive sur le moment et toujours aussi béante maintenant… Cette plaie ouverte ne se refermera sans doute pas. Je l’aimais tant. D’une manière infantile, comme l’amour d’une fille à son père. Étrange que de s’en rendre compte que, lorsque l’être aimé disparait. Pourquoi sommes-nous si centrés, obnubilés, oubliant que ceux qui nous sont chers, ce qui peut nous manquer, se trouve à nos côtés ? Je ne sais… Je ne sais pas. D’une certaine manière, je m’en veux. De ne pas lui avoir dit combien il comptait pour moi, de ne pas lui avoir dit un simple « Merci pour tout ce que tu as fait. Merci.». Je m’en veux. Je le regrette. Moi qui pourtant ne souhaiterais jamais avoir à en éprouver…

Les larmes coulent insidieuses, dévalant en silence les pentes de mes joues.

Un sanglot secoua mes épaules tandis que je me recroquevillais, les genoux ramenés contre ma poitrine, entourés de mes bras, ma tête cachée en leur sein. Peu à peu mes tremblements s’estompèrent, mes larmes cessèrent de couler. Je me sens si fatiguée et si lourde… C’est un poids. Rien dans l’époque actuelle, trois ans plus tard, ne m’aiderait à panser cette plaie. Voir tous les jours ces atrocités et les ruines des bâtiments détruits par les bombardements, me rappelait sans cesse ce fameux jour. Celui où tout a basculé. Où mon univers c’est flétri et assombri sans que je puisse rien y faire. Peut-être, est-ce cela le pire : assister à l’effondrement d’un monde, du nôtre et lui survivre. En étant ainsi les témoins de sa chute, ridicules insectes tentant par tous les moyens les plus vains d’en éviter la fin. Peine perdue…

L’alcool. Il m’en faut.

Oublier.

Oublier rien qu’un instant le fantôme de ce monde, le fantôme de ma vie.

Oublier, s’oublier…

Le culot de la bouteille saute, les bruits de la nuit m’accueillent.

Le vent vient à ma rencontre et me pousse à avancer. Je me traine sur le toit noir de l’usine et finis par m’écrouler sur le sol. Je repris une gorgée du breuvage spiritueux contemplant le ciel noir qu’aucune étoile ne semblaient vouloir illuminer. Les larmes sont de nouveaux là. Perlent aux coins de mes yeux, modifiant les contours du paysage environnant. Et sans crier gare, me revoilà plongée dans mes souvenirs.


Les souvenirs de la fin du monde. De la fin du mien.

_______________________________________________________________________________

« Sarrah ! Sarrah ! Quelque chose approche ! »

La voix grave et murmurante d’Eric me ramena à la réalité. Où avais-je la tête ? M’étais-je endormie ? Je me tournais vers lui : il s’était plaqué contre la vitre de la lucarne de ce grenier pour mieux observer les alentours de notre refuge. Une vieille maison coquette abritant plein de vieux meubles d’un style bourgeois. J’imaginais sans mal la vioque pouvant y avoir demeuré avec son labrador. En même temps, nous l’avions retrouvé morte dans son vieux fauteuil usé, sur ses genoux le chien sans vie. Tout deux empoissonnés, à la mort-aux-rats. Sans doute avait-elle eu raison de se suicider : la pandémie s’aggravait, le gouvernement était tombé et l’armée devenait dingue tout autant que les gens. A sa vue, j’avais déclaré à Eric qu’elle avait fait preuve de clairvoyance. Il c’était contenté de me fixer intensément sans mot dire, une étrange lueur dans le regard. Je sentais qu’il voulait me dire quelque chose, probablement un : ne perd pas espoir, tout va s’arranger. Mais c’était un mensonge. Ce serait un mensonge. Ça n’allait pas en s’arrangeant et dans les yeux d’Eric, je commençais à percevoir une émotion que je ne lui connaissais pas : le désespoir. Il perdait confiance au fil des horreurs à lesquelles nous assistions. Le fait de côtoyer nos semblables avait précipité cette sensation de délitement… Là, dehors, plus que ces choses déjà hautement dangereuses, c’était les hommes qu’il fallait éviter. Les foules, les groupes, les individus. Ils devenaient tous fous, paniquaient, s’entretuaient. Cette folie humaine et l’égoïsme de la plupart, rongeaient mon éduc préféré, plus habitué à un monde codifié et procédurier où la solidarité était un principe porté par tous.

Seulement, face à la mort, qui choisiriez-vous ? Vous ou un autre ?

Pour moi, la question ne se posait pas : la vie d’Eric et la mienne étaient mes priorités. Le reste, je m’en foutais comme d’une guigne… Enfin, disons plutôt que ça me dégouttait et ne me donnait pas envie de tendre ma main à des inconnus. Eric, lui, tentait par tous les moyens de sauver la face et d’aider du mieux qu’il le pouvait, jusqu’à épuisement. Comme toujours. Il était en piteux état. Les vêtements maculés de sang, le visage couvert de poussière et luisant. Comme toujours, je le suivais et lui apportais mon soutien tout en lui sauvant la peau des fesses quand le danger devenait trop grand ou la situation désespérée. Par moment, je sentais qu’il m’en voulait, qu’il ne souhaitait plus que lui-même disparaisse, d’une manière plus ou moins faussement héroïque. Il était comme ça. A se donner à 200%, ne jugeant pas sa vie plus importante qu’une autre. Sauf que pour moi, elle l’était. Elle était mon pivot. Voir Eric se démener, avancer, m’aidait moi-même à tenir le coup. Sans lui, je n’aurais rien pu faire, je n’aurais su quoi faire. Il était ma lanterne dans cette nuit, ce cauchemar, et je veillerais à ce qu’elle reste allumée. Quelque qu’en soit le prix.

Tout était allé si vite et si lentement à la fois.

Insidieux. Voilà comment je qualifie l’effondrement de notre époque. Rien ne nous avait préparés à ce qui allait arriver. Moi qui aimais tant les films catastrophe, les séries de zombies, j’étais servie. Non, vraiment, tout ça était arrivé si doucement, lentement qu’on avait tous préférés fermés nos écoutilles pour ne pas voir que l’inévitable allait arriver. Au début, il ne s’agissait que de rumeurs, de racontars de fêtards ayant croisé aux détours d’une ruelle sombre, le regard vitreux de ces infectés. Personne ne les avait crus. Personne n’en avait parlé. Ce n’est que lorsque le nombre de disparus n’avaient cessé d’augmenter, que les questions avaient commencé à fuser dans les médias. Pour autant, l’attitude du gouvernement alors en place avait été celle de l’autruche : on minimise. Si on entendait plus parler de certains pays dictatoriaux et fermés, c’était normal. Si des grandes puissances comme les États-Unis fermaient leurs frontières, c’était normal. Si de grands reporters contaient des scènes absurdes avec une maladie décimant la population des pays avoisinants, c’était que pures foutaises. Tous les signaux nous envoyaient des alertes, mais nous avons continué nos vies. Espérant par la même que tout rentre dans l’ordre et que rien ne nous atteindrait. J’ai été comme ça. Rares ont été ceux à discerner le vrai du faux dans ce brouillard et surtout à y croire. Ce n’est que lorsque Eric est venu me voir en une fin pâle d’après-midi que je me suis dite que quelque chose de grave était en train d’arriver. Plus que de voir la police puis l’armée dans les rues en masse tous les jours, plus que d’assister à la fragmentation de Paris en zones, ce fut la vision d’Eric arrivant paniqué dans mon appartement qui fut le déclic. En me hurlant de récupérer le strict nécessaire en affaires et de filer aussi vite que possible, je compris que la menace était là et qu’elle ne serait pas sans conséquence. Nous avions alors fui. Les rues étaient devenues des jungles où la règle du plus fort s’appliquait. Les forces de l’ordre n’existaient plus. L’armée était débordée, mettant en place de nombreux barrages, bloquant toutes options de fuites pour les pauvres ères coincées à l’intérieur des quartiers les plus infestés. M’étant coupée du monde depuis un moment, je ne m’étais pas aperçue que l’endroit où je demeurais allait incessamment sous peu être placé en quarantaine. Seul le « sauvetage » express d’Eric et son injonction à fuir m’avaient permis de rester en vie. Nous avions alors suivi les mouvements de l’armée, restant dans son sillon, passant d’abris en abris. La situation devenait de plus en plus compliquée. Les pillages et massacres se perpétraient en toutes impunités, l’armée ne sauvant plus que sa peau.

D’où notre arrivée dans cette élégante maison des beaux quartiers.

Petite, à l’égard des gros boulevards, elle nous avait semblé idéale. De fait, réfugiés dans le grenier, nous surveillions les environs grâce à la lucarne. Ça faisait deux longs jours que nous guettions, à entendre les hurlements, les explosions, les coups de feu résonner de jour comme de nuit… A de nombreuses reprises, Eric avait voulu sortir. Je l’en avais empêché et dissuadé. C’était trop risqué, sur qui tomberions-nous ? Il ne le savait pas plus que moi et finissait par retourner s’asseoir ou surveiller la place. Nous discutions peu dans cette attente. Une attente sans nom ni but. Intérieurement, je le savais, lui le sentait sans se l’avouer. Cependant, il ne cessait de me répéter que nous devions y croire, continuer à avancer, comme s’il cherchait à s’en persuader lui-même. Mais stop ! Nous étions en vie et ensemble, c’était là le principal. Si vraiment, ça continuerait ainsi, nous trouverions une solution. Ensemble.

« Sarrah ! Vite ! »

Décidant enfin à me déplacer à son coté, je jetais un coup d’œil dehors. En contrebas, un jeune homme portant sur son dos une gamine, s’avançait en sprintant vers la maison. Derrière lui, une bande d’infectés, huit de ce que je pus en voir, les poursuivaient. Je grimaçais. Bon dieu !

« Il faut faire quelque chose, les aider ! Ouvrir la porte ! Vite ! »

« Attends ! On ne peut pas détruire la barricade que nous avons faite ! Ils vont rentrer ! C’est de la folie ! »

« La seule folie, ce serait de ne rien faire. » Rétorqua-t-il agressivement. Il se stoppa avant de poursuivre plus doucement. « Ils ont besoin de nous Sarrah, ce serait inhumain que de ne pas les aider. »

« Toutes les issues sont barricadées. Ils ne pourront pas rentrer sans nous mettre en danger ! » Je commençais à m’affoler, sentant le danger arriver à toute vitesse.

« On peut les enlever et nous pouvons les détruire. Mais ensemble ! »


Des coups sourds se firent entendre en contrebas. Puis une voix de crécelle d’enfant. Un craquement sourd, celui du bois, monta alors jusqu’à nous. Eric me regardait l’air suppliant.

« Bordel ! » Jurais-je avant de dévaler l’escalier menant au rez-de-chaussée, l’homme d’une quarantaine d’années sur les talons.

Les pièces étaient plongées dans la pénombre, le crépuscule approchant à grands pas. Les ombres grandissantes renforçaient la chair de poule qui me prenait aux tripes. Un cri perçant retentit alors. Celle de l’enfant. Un craquement. Les gémissements des infectés. Tout semblait si irréel. Arrivés dans l’entrée, nous tombâmes nez-à-nez avec la petiote. A quatre pattes, elle avait réussi à se faufiler à l’intérieur par la chatière découverte. Elle se tirait surtout à la force de ses bras. A notre vue, ses yeux s’écarquillèrent, reculant légèrement. Bégayante, elle nous supplia d’aider son compagnon, un homme au-dehors qui semblait faire face aux infectés. Voulant sans doute prouver sa bonne foi, elle balança au sol un couteau de cuisine qu’elle cachait, dans notre direction. Son geste me rassura quelque peu, mais je restais sur mes gardes. Eric se précipita vers elle pour l’aider et la rassurer. D’un regard que nous échangeâmes, je compris qu’il allait falloir sortir. M’armant de mon couteau et de mes poings américains, je passais dans le salon, ouvrit en moins de deux la fenêtre et me précipitait à la rescousse de l’inconnu. Eric, quant à lui semblait vouloir absolument passer par l’entrée et se démenait pour arracher les dernières planches de bois clouées.

L’homme était en mauvaise posture.

Plaqué contre le mur à côté de la porte, cinq corps autour de lui, ce dernier ahanait. Il semblait à bout de forces. Une infectée dégueulasse commença alors à s’approcher de lui. Les deux autres la suivant. Je m’occupais le plus vite possible de ces deux-là. Me faisant dos, je commençais par les faire chuter, d’un coup de pied à l’arrière du genou, avant d’enfoncer le couteau dans leur crâne. Le deuxième me donna du fil à retordre n’étant pas vraiment habituée à ce genre de chose. Même durant les combats clandestins, on se faisait face. Tuer n’avait jamais été ma tasse de thé, seulement un moyen de défense qui m’avait donné la nausée la seule fois où j’avais été obligée de le faire. Même s’ils n’étaient plus vraiment humains, ils en avaient encore à peu près le visage. D’où mon malaise. Mais passons, les états d’âme viendront après.

L’homme cria.

La chose semblait l’avoir atteint. Vite ! Bordel !
C’est alors que la porte s’ouvrit à la volée et que prestement, je vis Eric tirer à l’intérieur l’homme au sol maintenant. Coordonnée, je saisis par le front, pour obliger l’horreur à se rapprocher de moi, la femme immonde et lui enfonça mon couteau dans le crâne. Le calme revint alors, seulement ponctué des sanglots de la petite à l’intérieur de la bâtisse. Je soufflais, relâchant la pression. Bon dieu ! Avant de rentrer rejoindre le petit groupe, je jetais un œil à la ruelle. Rien pour le moment. Des cris dans la nuit tombante se firent entendre d’un peu partout à la fois. D’épaisses fumées noires s’élevaient dans le ciel rougeâtre.

Je frissonnais, avant de filer vers la maison sans demander mon reste.

La porte béante, ouvrant sur les ténèbres de la maison, ne m’inspirait pas le moindre du monde. On aurait dit une bouche. Prête à vous dévorer. Des idées folles commençaient à germer dans mon esprit… J’imaginais des formes, des choses cachées dans le moindre coin obscur à l’intérieur. J’avais peur. Une angoisse grandissante m’étreignant le cœur.

Pourtant, je m’y engouffrais, sûre de retrouver ma lanterne dans cette nuit noire qui s’annonçait.

____________________________________________________________________________

« Est-il mort ? »

Eric fit non de la tête.
« Seulement blessé au bras, mais ce n’est rien. » Il hésita avant de poursuivre. « Ils… Ils sont tous… ? »

« Morts. Et définitivement. Rien dans la ruelle. J’ai placé la commode contre la porte. Ça devrait tenir pour cette nuit, mais demain, on bouge. »

Il pesa mes mots et acquiesça, avant de conclure : « Seulement s’il se réveille ». Dit-il en montrant du pouce l’homme étendu au sol derrière lui.

Je soupirais, mais n’avais rien à y redire. La petite était plaquée contre lui et me regardais légèrement apeurer. Eric sentit sa méfiance et me présenta.

« Voici Sarrah, Calypso. Elle est avec moi, considère la comme ma fille. »

A ces mots, je le regardais stupéfaite : c’était la première fois qu’il employait de tels mots.

« Elle ne te fera aucun mal, ne t’inquiète pas. »

Je fixais la gamine sans ciller, cherchant ce qui clochait chez elle. Elle semblait bien malingre et chétive. L’homme étendu avait dû faire bien des efforts pour lui permettre de survivre. Ça ne me plaisait pas des masses… Mais je ne dis rien, la saluant juste. Elle m’imita.

« Je prends le premier tour de garde. » fis-je. « Je te réveille quand c’est ton tour. »

Deux heures passèrent.

Tout semblait tranquille de notre coté. M’ennuyant un peu, je me rapprochais des deux nouveaux arrivants pour les contempler. La petite s’était endormie. Je lui remontais sa couverture sur ses épaules, trouvant un certain apaisement à la voir si tranquille et sereine. Elle devait beaucoup l’aimer… Je rosis légèrement des joues aux souvenirs des paroles d’Eric. Au fil des années, c’était devenu une évidence pour moi, mais l’entendre de sa bouche, c’était autre chose. Je souris tendrement sans remarquer que l’homme avait ouvert les yeux et me détaillait, surpris.

A la lueur de la bougie éclairant de sa douce lueur la pièce paisible, je pus faire de même. Un visage fin auréolé de cheveux blonds mi-longs, des yeux d’un bleu sombre mystérieux pleins de volonté. Et bien,… Rajoutez les ailes et vous voilà en présence d’un ange… Seulement, les visages ne sont souvent que des masques qui s’effritent bien vite, restons prudent. Qui sait qui pourrait être ce type au corps musclé et sec ?

Nous continuâmes de nous observer sans mot dire, attendant que l’un ou l’autre ne réagisse.

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Massial Jordan


Massial Jordan

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MessageSujet: Re: L'expérience est un professeur brutal, mais on apprend – [PV Sarrah]   L'expérience est un professeur brutal, mais on apprend – [PV Sarrah] Icon_minitimeDim 10 Juil - 23:07

La prise de ce qui fut une femme s’accentua, perçant et lui lacérant la peau en plusieurs endroits, tout en gagnant en profondeur. Le sang chaud coula, imprégnant sa manche. Il serra les dents. Et ses bras cédèrent un instant, laissant leurs visages se frôler brièvement, avant de la bousculer celui d’après. S’appuyant au mur, il glissa abruptement le long de ce dernier, jusqu’à rencontrer les pavés de la cour, la tête lui tournant, tandis que sa main volait fébrilement vers la crosse de son pistolet devenant potentielle arme contondante.
Sans avoir le temps de s’en emparer, et avant qu’il ne réalise, dans son dos, deux bras se glissèrent précipitamment sous les siens et le tirèrent hâtivement en arrière, alors qu’une femme saisissait l’infectée. Au même moment, l’obscurité le happa, troublée par les pleurs de Calypso, des pas, puis le silence.



Le noir et le silence.



L’odeur de la sueur. Odeur salée, puissante et gênante, suivie par celle métallique – tout aussi désagréable – du sang frais et moins frais maculant ses manches. Des voix inconnues aux paroles insaisissables pour son esprit embrumé… Et à nouveau le silence.



Un corps chaud non loin du sien.

Du mouvement. Plus perceptible que réellement audible…

Le laissant un instant déboussolé, ses yeux s’ouvrirent sur la lueur dansante et ténue d’une bougie nimbant la source du mouvement repéré. Une femme sans aucun doute possible, malgré des formes peu marquées. La stature et les traits n’avaient rien d’ambigus. Une femme identifiable entre mille. La femme de la cour. Il resta immobile, la détaillant sans un mot. Son regard étonné s’accrochant au sourire de l’inconnue et au bref éclat d'un piercing. Un sourire ne lui étant pas destiné, mais toutefois rassurant, d’une certaine manière.
Des cheveux d’une couleur atypique. Des traits agréables, mais durs une fois le sourire envolé. Des yeux vifs. Perçants. Oui, perçants ; c’est le mot qui lui vint lorsqu’ils se posèrent sur lui, le détaillèrent avec intensité.

Le silence plana entre eux, sa tranquillité accentuée par les respirations des deux endormis, presque surnaturel après cette journée en enfer. Presque irréaliste, lorsqu’on connaissait la situation actuelle.

Les éveillés se dévisagèrent. Ils ne devaient pas être loin d’avoir le même âge. Elle était méfiante, sans doute, tout à fait en droit de se demander ce qu’ils avaient fait entrer. Massial ne pouvait pas lui donner tord. Lui-même se défaisait difficilement de ce sentiment exacerbé, ces derniers temps. Même actuellement, malgré la raison qui lui rappelait qu’il aurait très probablement crevé dehors sans ces inconnus.

Les secondes s'égrenèrent. Massial fut le premier à rompre le contact visuel, impassible, afin d’observer l‘homme, puis Calypso blottie contre lui. Elle semblait en confiance, se sentir en sécurité, malgré la présence des étrangers.

Le monde avait changé. Le monde changeait. Eux avec. Et ce n’était pas terminé. C’était loin de l’être. Certains se terraient, lâches, prêts à abandonner père, mère et enfants avant de pleurer sur leurs regrets, demander pardon à des fantômes, pendant que d’autres laissaient s’exprimer leurs pires pulsions. Pillages, viols et meurtres s’étaient banalisés. La loi du plus fort s’imposait jusque dans les zones les plus épargnées par l’épidémie. Les grandes gueules, les durs des bacs à sable, les apparences, la morale hypocrite, la bienséance, tout s’altérait, partait dans la fumée, le sang ou les larmes pour ne laisser qu’un bordel indicible. L’épidémie telle un coup de rasoir permettait de voir au cœur du fruit. Au cœur des individus. Derrière les images lisses et propres. Le pire et le meilleur se révélaient en ces jours sombres. Souvent le pire. Un fruit souvent pourri où se flétrissant bien vite au contact de cette nouvelle réalité.
Les infectés étaient autant de coups acérés à travers les masques. Tous n’étaient pas encore tombés, d’autres se fissuraient, certains se refaçonnaient déjà.

… mais c’est sans doute elle qui a raison, cette fois…

Ces gens avaient pris des risques pour eux, sans les connaitre. Pourtant, ils n’apportaient rien. Pas de ressource, rien que des ennuis sous la forme d’infectés, au minimum. Le jeune homme se redressa, s’asseyant lentement pour examiner brièvement son bras, tombant à la place de sa manche sur un bandage de fortune au tissu maculé et raidit par endroits, mais relativement bien exécuté, qu'il ne défit pas. Sans les voir, il devina plusieurs plaies le titillant, peut-être irrégulières, mais très probablement superficielles. Assez pour ne pas nécessiter d’être suturées, sans doute.

« Merci… » souffla-t-il finalement, reportant son attention sur la femme, s'humectant les lèvres par la suite, la bouche pâteuse.

Oui, ça semblait être le début logique après ce qu’ils avaient fait pour eux. Le premier mot à poser, bien que ça ne reste qu’un mot et que les actes demeuraient toujours plus parlants.
Non loin, ses armes restantes trônaient sur une petite table à l’écart. Son Glock séparé du chargeur, que l’un ou l’autre avait dû constater vide et son vieux balisong aux poignées usées, plus communément connu comme couteau papillon. Une lame courte et tranchante, mais à la pointe fragile, n’ayant clairement pas sa préférence pour aller au contact contre ce qui hantait désormais les rues de la capitale – inadaptée, mais possédant davantage une portée sentimentale et ayant accompagné ses déplacements bien avant toutes les merdes actuelles.
Le jeune homme ne fit aucun geste vers ses possessions, ne souhaitant pas que l’inconnue se méprenne sur ses intentions, ni réveiller l’enfant.

« Je… » Il hésita avant de tendre la main vers la jeune femme, se ravisant en apercevant plus clairement la teinte sombre la recouvrant et ses lèvres se crispèrent légèrement, maigre semblant de sourire, contrit en la ramenant vers lui. « Massial. Massial Jordan. »

Ses mains se frottèrent maladroitement, le sang séché s’écaillant partiellement comme un vieux verni craquelé, recouvrant plus largement ses doigts, là où il les avait pressés au crâne de plus d’un infecté ce jour là. Il n’arrivait plus à oublier cette sensation devenant sombrement familière : l’acier perçant et traversant la chair, le choc plus ou moins présent de la résistance, l’abandon du semblant de vie restant. Tant de choses ne le quittaient déjà plus. Ses rêves et ses nuits s’en peuplaient continuellement, et lorsqu’il n’y prenait pas garde, le reste aussi. Ce flic infecté, mais non encore transformé qu’il avait tué. Les dernières semaines à Saint Antoine, tout ce qu’il y avait vu, entendu et dû y faire, ça serait toujours là. Inévitablement. Il y avait des choses qui s’imprégnaient. Des choses qui s’inscrivaient à vie. Des visages, des odeurs, des bruits et des sensations qui ne se détacherait jamais.

« J’avais oublié que les portes s’ouvraient encore… parfois, de nos jours… »

Il se tut, pesant ses mots lorsque l’enfant remua dans son sommeil, attendant qu'elle s'immobilise.

Le peu du mobilier qu'il distinguait et l’habitation dans son ensemble ne collait pas au profil de leurs sauveurs… Cependant, il ignorait depuis combien de temps ils y avaient trouvé refuge, ni comment ils percevaient ce lieu. Lieu de passage ? Ou projet de moins courte durée ?

Son regard s’ancra à celui de la jeune femme.

« Je ne veux pas te paraitre ingrat » murmura-t-il, bien que son ton indiquait qu’il savait déjà ses décisions prises. « Mais qu’on soit clairs, la petite et moi nous partirons dés le lever du jour. Et… je sais que ce que vous avez vu dehors – que notre mésaventure – n’a rien d’encourageant, que je dois te sembler très mal placé pour dire ça, cinglé même, mais… mais je ne peux que vous conseiller de faire de même. Dans le cas contraire, je vous aiderai à consolider la porte, seulement… Seulement, ils auront probablement bientôt bouclé la zone. »

Ça serait le moins qu'il pourrait faire, certes. Seulement, rester n’était pas une solution viable sur la durée, ni nulle part dans le secteur, selon lui. Ça serait sécuritaire sur l’instant, cependant rester s’apparentait ensuite à ses yeux à attendre la mort à court ou moyen terme. C’était laisser un piège à rat se refermer. Et ils seraient les rats. L’autre option laissait envisager une porte de sortie, mais sans garantie de l’atteindre. Chacun était libre de ses choix, évidemment. Agir. Attendre. Croire. En finir… Ou voir au jour le jour. Certains étaient même carrément déjà loin de la ville. Une petite partie l'était depuis longtemps. Et quitte à choisir, Massial préférait tenter de sortir de là, coûte que coûte, car passer l’arme à gauche le jour même ou le mois suivant, ça ne changeait rien, si rien n’avait été fait pour s’offrir une autre perspective.

Les informations circulaient de plus en plus mal, nécessitant en plus d’être comprises entre les lignes et interprétées, recoupées alors que, paradoxalement, il devenait vital d’être capable de réagir de plus en plus vite. Et le mieux possible, évidemment.

L'étudiant se surprit pas loin de prier intérieurement que Jimmy et Georges parviennent à s'extirper de cette merde, lui qui n'était pourtant pas croyant.

« Il y a trois jours, le barrage de Charonne a été perdu… J’étais à Saint Antoine. La zone a été définitivement bouclée en 48h. Et hier, je pense qu’ils ont également perdu ou cédé celui de Nation, au minimum. Sauf qu’ils sont échaudés. Les pertes successives d'au moins deux secteurs géographiquement aussi proches ne peuvent pas ne pas être liées… Alors je crains que nous n’ayons pas davantage de temps pour sortir nos culs de là que celui qui leur est nécessaire pour procéder à l’extraction des rares personnes qu’ils désirent préserver. »

Ça ne pouvait pas être une coïncidence. Et si le temps de réaction de l’armée à définitivement placer une zone infectée en quarantaine avait porté préjudice à la sanité d'autres zones, il y avait fort à parier que « l’erreur » ne serait pas réitérée.
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MessageSujet: Re: L'expérience est un professeur brutal, mais on apprend – [PV Sarrah]   L'expérience est un professeur brutal, mais on apprend – [PV Sarrah] Icon_minitimeJeu 14 Juil - 16:56

« Merci… »

Ce fut le premier mot que prononça cet homme blond cendré.

Cette parole me mit immédiatement mal à l’aise. Elle ne devait pas me revenir. Ce n’était pas moi qui avais souhaité les aider. C’était Eric. Seulement Eric. Je… Je n’avais agi que parce qu’il avait voulu agir. Sans lui, je n’aurais probablement pas levé le petit doigt.

Mes yeux s’attardèrent quelques instants sur la gamine. Même pour elle, je… Je n’aurais rien fait. Cette conclusion qui pourtant me semblait si claire n’amena en moi qu’un profond mal-être. Je me mis alors à fixer le sol, ne sachant quoi dire.

L’inconnu venait tout juste de se réveiller, me surprenant à sourire.

Peu de personnes ne m’avaient vu le faire. Je n’avais que peu de raisons existantes pour agir ainsi. Nous nous étions alors dévisagés de longues minutes avant qu’il ne baisse les yeux et passe en revue la pièce dans laquelle nous nous trouvions. Il avait regardé dans la direction d’Eric et je n’avais pu m’empêcher de me retourner pour faire de même. Ce dernier semblait dormir profondément, ses traits sereins et heureux. Cela fessait bien longtemps que ce n’était plus arrivé. Il avait fait quelque chose de bien, en accord avec lui-même, avec ce qu’il était…

A la vue de la gamine endormie à ses pieds, l’homme se détendit sensiblement. Pourtant, à mon instar, une tension permanente semblait étreindre ses épaules, ses muscles, ses traits. Vigilant, il se redressa, inspecta ses nombreuses blessures superficielles. Son visage exprimait une certaine perplexité, son regard légèrement voilé, traduisait une réflexion intense. Son mode de fonctionnement ressemblait au mien…

Qui était-il ?

Me laissant tout à mon mutisme, l’homme jeta un œil en direction de ses armes exposées sur une petite table prêt de la porte. Il n’avait sur lui qu’un pistolet déchargé, un vieux couteau à la lame étrange, plus bon à rien. Il les contempla, mais ne fit rien. Intérieurement, j’étais soulagée. Soulagée de ne pas avoir à encore une fois à me battre pour nous protéger, Eric et moi. J’étais passablement fatiguée, mais ma méfiance m’empêchait de dormir. Dans tous les cas, voir cet inconnu se comporter ainsi, me détendit un peu. Cette quiétude devait être conservée pour le moral de tous. Lui-même et la gamine ne devaient pas avoir connu d’atmosphère calme et apaisée depuis un bon moment.

Enfin quelqu’un de censé…

Tranquillement, l’homme reporta son attention sur moi. Il reprit parole, d’une voix plus assurée et claire.

« Je… » Courte hésitation. Voulant sans doute me serrer la main, il tendit son bras, avant de se rétracter à la vue de sa paume ensanglantée. Ses lèvres se crispèrent un peu. Un sourire. Cette même sorte de grimace que je fessais lorsque que moi-même, je tentais de sourire. Décidément.  

« Massial. Massial Jordan. »

Une identité. Un bon début. Il commença alors à frotter ses mains pour éliminer les restes des batailles passées. Qui sait ce qu’il avait bien pu faire dehors pour se protéger. Pour les protéger. L’enfant endormie à ses pieds connaissait-elle le prix de sa survie ? Combien d’autres étaient-ils morts pour qu’elle survive ? Je secouais légèrement la tête. Je n’aimais pas cette partie de moi calculatrice et cruelle. Dure. Car au fond, ne ferais-je pas la même chose pour Eric ? N’avais-je pas fait la même chose ? La ressemblance entre Massial et moi me devint alors évidente : tous deux, nous avions quelque chose de précieux que nous défendrions au péril de nos vies. Aujourd’hui était sans doute une situation commune qu’il avait déjà plusieurs fois rencontrée. Tout comme moi. C’est pour cela qu’il était dangereux. C’est pour cela que j’étais aux aguets. Parce que je savais de quoi je serais capable pour Eric. Pour autant, il semblait tourmenter. Hanter par des visions. Des morts ? Par le sang sur ses mains ? Il allait devoir composer. Apprendre à accepter. Lâcher prise. Lâcher prise pour accepter de porter ce fardeau, celui des vies qu’il a et qu’il va continuer de prendre. S’il ne le faisait pas, il mourait. Elle mourrait. C’était simple.

Serait-il alors du genre à s’effondrer comme j’avais pu le faire, une fois qu’il aurait du temps pour ressasser tout cela ?  

Peut-être, peut-être pas. Si ce que je pressentais se réalisait, il n’en aurait pas le temps. Il semblait être un dur à cuire. Honnêtement, il m’intriguait. Il n’avait pas l’air d’avoir un mauvais fond. Seulement une fois de plus, mes dires n’étaient basés que sur du vent. Pour autant, à la vue de sa mine sombre et de ses épaules voûtées, je me demandais combien de temps il tiendrait comme ça. A porter toute cette pression et ce tourment. J’avais envie de lui dire : « C’est normal. Normal que tu te sentes si mal. Ce n’est pas en te lavant les mains que le sang disparaîtra. Tu en seras toujours recouvert. Tu vivras toujours avec tes souvenirs. Tu sais, à chaque fois que nous tuons quelqu’un ou que nous perdons quelqu’un, une partie de notre âme et de notre cœur disparait avec. Bientôt, tu ne ressentiras plus rien. Bientôt tout ne sera que simple mécanique, que simple automatisme. C’est un processus. Pour le moment extériorise avant d’imploser et de faire sauter avec la jolie tête de cet enfant. »


Oui, je le comprenais. Je comprenais ce regard, ces gestes. En cet instant, je le comprenais.

Parce que j’avais vécu la même chose, il n’y a pas si longtemps. Sauf qu’il n’y avait pas d’infectés à cette époque. Ce n’était pas par la force des choses que j’avais due… Mes actes et mes choix m’en rendaient responsables. Je serrais violemment le poing pour éviter de montrer mon trouble. Pour éviter que les images ne me remontent en tête. Dans tous les cas, je me murais dans mon silence. Qui étais-je pour lui dire ça ? Personne. J’attendis qu’il revienne. Qu’il retourne ici, dans cette pièce. Qu’il finisse de digérer tout ce qu’il avait pu voir, entendre, faire. Mieux valait ne pas intervenir.  Il fallait qu’il change. Que tous évoluent dans cette pièce pour leur bien propre. Voilà ce que je pensais. Voilà ce en quoi je croyais. Et en quoi je crois toujours. Il ne faut pas rester figer, au risque de se faire avaler par la situation, par les personnes, les ans… Même Eric, même cette petite. Pour leur survie, il le fallait.  

« J’avais oublié que les portes s’ouvraient encore… parfois, de nos jours… »

Je relevais les yeux vers lui. Il me fixait. Attendant que la fillette cesse de bouger, il englobait de ces yeux la pièce et réfléchissait. La suite ne tarda pas, me prouvant que sa manière d’appréhender les choses ressemblait beaucoup à la mienne.

« Je ne veux pas te paraitre ingrat, mais qu’on soit clairs, la petite et moi nous partirons dés le levé du jour. Et… je sais que ce que vous avez vu dehors – que notre mésaventure – n’a rien d’encourageant, que je dois te sembler très mal placé pour dire ça, cinglé même, mais… mais je ne peux que vous conseiller de faire de même. Dans le cas contraire, je vous aiderai à consolider la porte, seulement… Seulement, ils auront probablement bientôt bouclé la zone. Il y a trois jours, le barrage de Charonne a été perdu… J’étais à Saint Antoine. La zone a été définitivement bouclée en 48h. Et hier, je pense qu’ils ont également perdu ou cédé celui de Nation, au minimum. Sauf qu’ils sont échaudés. Les pertes successives d'au moins deux secteurs géographiquement aussi proches ne peuvent pas ne pas être liées… Alors je crains que nous n’ayons pas davantage de temps pour sortir nos culs de là que celui qui leur est nécessaire pour procéder à l’extraction des rares personnes qu’ils désirent préserver. »

Un ricanement.

Telle fut ma première réaction. Il était courageux. Dire ce genre de vérité à la mauvaise personne pouvait sans doute se solder par un bain de sang. Il devait se sentir redevable aussi, et ça me fessait bien rire. Pas besoin de discours bien-pensant. C’est ce que nous allions faire. Nous n’avions pas besoin de lui pour le savoir. Depuis le début de ce cauchemar, nous ne fessions que de nous mouvoir. Sans cesse dans le sillon de l’armée, pour éviter de se retrouver coincer. Ce n’était pas le premier venu qui allait nous apprendre comment et où survivre.

Joueuse, je rapprochais mon visage du sien, mes yeux visés dans les siens sans sourciller.

« Ne te méprends pas. Ce n’est pas moi que tu dois remercier, mais uniquement lui. » Fis-je en désignant du menton Eric. « Vous n’étiez qu’un danger potentiel pour nous, pour lui. Gamine ou pas gamine, je n’ai pas souhaité vous aider. Lui si. Quand il sera réveillé, tu pourras le lui dire. »

Je laissais le silence nous envelopper quelques instants avant de reprendre en murmurant calmement et posément.

« Les portes ne s’ouvrent plus. Tu as raison. Si tu veux que la gamine survive, garde ça bien en mémoire. Seulement, il a fallu que vous tombiez sur lui. C’est une chance pour vous, pour moi, vous n’êtes qu’un danger de plus. Je veux qu’il survive. Comme toi qui veux qu’elle survive. Je ferais tout pour et tu feras tout pour. Je pense d’ailleurs que pour elle, que pour augmenter sa durée de vie, tu as dû déjà faire bien des choses. Tuer, frapper, mentir, menacer peut-être ? Tu en as fait beaucoup. Et tu en feras. »

Sans même que je ne maitrise le flux et la teneur de mes paroles, je poursuivais, tranchante.

« Je pense qu’elle va mourir. Elle va mourir si tu ne t’endurcis pas. Si elle ne s’endurcit pas elle aussi. Si tu n’acceptes pas que votre survie passe maintenant probablement par la mort d’autrui, par sa souffrance. Vit avec tes tourments, avec le visage de tes morts qui semblent tant te peser. Sinon, ils t’avaleront. La gamine avec. »

Nouveau et dernier silence.

« Je ne veux pas te paraitre ingrate, mais nous avions déjà décidé de partir. » Repris-je ironique. « Nous suivons l’armée depuis un certain temps. Effectivement, si nous restons une journée de plus, nous serons faits comme des rats. Je pense que ce qu’il reste de cet ersatz d’armée disséminé va se regrouper en un même point. Ça semble logique. Et j’ai bien envie de rester dans leur parage, mais à une distance saine. Pour le moment, tu as raison, si les militaires sont dans le coin, c’est qu’ils cherchent quelque chose. De tous les quartiers de Paris que nous avons fait, celui-ci est bien le pire. Pourquoi alors venir ici ? Pourquoi tiennent-ils depuis deux jours une position intenable ? Il y a une raison. Elle est temporaire et demain, nous nous remettrons en mouvement. Nous la suivrons. Parce que oui, si tu stagnes, tu meurs. Si tu ne changes pas, tu meurs. Voilà, c’est la fin du monde... Et… »

« Sarrah ! ca suffit ! » M’interrompis Eric.

« C’est la vérité. »

« Peut-être, et ? Quoi après ? As-tu besoin d’être aussi violente dans tes propos ? »

« Il n’est pas faible. » Affirmais-je.

« Elle si. » Souffla Eric.

C’est alors que j’entendis les sanglots de l’enfant, la tête dans sa couverture, tentant de les étouffer.

La réaction d’Eric m’énerva profondément. Je me levais sans un mot, sans un regard avant de partir et quitter la pièce. Pourquoi cacher la vérité ? Pourquoi ? A quoi cela servait-il de mettre les formes ?

La dernière chose que je perçue de la conversation fut les excuses d’Eric.  

« Excusez-la. Sarrah est… Elle est juste un peu trop. Un peu trop… Enfin bon. Je m’appelle Eric, enchanté de te connaître. La petiote semble beaucoup t’aimer. C’est bien. Demain, nous partirons, peut-être vous vous joindrez à nous ? Ah oui, sachez que Paris est cerné. Je veux dire, on ne peut plus en sortir. Nous avons appris ça avant-hier en arrivant dans les parages. La rumeur s’est répandue comme un feu de brousse. Ça n’annonce probablement rien de bon. Autant suivre les militaires… »

Le reste se perdit dans les méandres de la maison. Envelopper dans ma colère aveugle, je me complaisais dans ses ténèbres silencieuses.

Que faire ? Que faire quand on choisit soi-même de s’éloigner de sa lanterne pour se fondre dans les ombres ?

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