Moment solitaire [Pv Vale]

Lilli était partie de bonne heure, quittant les galeries alors que le soleil était levé depuis 1 heure seulement environ. Elle aimait bien partir tôt, aller se balader, et libérer son côté solitaire.
Souvent, elle en avait marre d'être collée par les autres du clan. Elle aimait jouer avec eux, mais aujourd'hui, elle était dans une journée où elle repoussait tout le monde sans distinction.

La jeune femme détestait les escaliers des galeries du métro, c'était toujours plus compliqué à grimper qu'à descendre. Quand elle était entourée, elle faisait comme s'il ne se passait rien, comme si elle montait normalement. Mais une fois seule, elle prenait plus son temps, soulageant sa jambe. Les frottements étaient toujours douloureux et avaient tendance à la rendre de mauvaise humeur.

Néanmoins, aujourd'hui, elle voulait juste prendre l'air. Ainsi, elle marchait dans les rues, s'éloignant des galeries de métro, ses couteaux accrochés à sa ceinture.

Au bout d'une longue marche, Lilli s'arrêta devant un immeuble en ruine. Elle décida d'escalader les gravats, ce qui n'était pas facile. Elle oubliait souvent que son attelle l'empêchait de faire beaucoup de choses, qui étaient pourtant si courantes et banales auparavant.
L'escalade fut assez lente, mais heureusement, elle était assez musclée pour réussir l'ascension, même avec un bout de jambe en moins. Une fois en haut, elle s'installa sur un morceau qui devait être un étage avant le passage des bombes. Les jambes dans le vide, elle retira l'un de ses bas pour retirer ensuite l'attelle, qu'elle posa à côté d'elle.
La jeune femme s'allongea, profitant du faible soleil réchauffant doucement l'atmosphère et le vent qui refroidissait son moignon brulant. Elle posa sa tête sur ses mains et ferma les yeux.

Le soleil se levait une fois de plus sur la ville en ruine. Quelques oiseaux chantaient par-ci par-là, attirant occasionnellement des zombies. Un homme au masque fêlé avançait tranquillement en haut d'un immeuble, observant la rue en dessous. Même s'il ne cherchait pas spécialement à être discret, il ne faisait aucun bruit, contournant les divers trous donnant sur des bureaux, des appartements ou d'autres pièces trop ravagées ou trop peu intéressantes pour pousser plus loin les investigations.

Qu'est-ce qu'il était venu faire ici déjà ? Du repérage… C'était long, chiant, mais impératif si il voulait être efficace. Il formait peu à peu un plan dans sa tête, avec les rues principales, les bâtiments où il y avait probablement des ressources, et bien sûr, les concentrations de zombies…

Même si Karin lui avait répété plusieurs fois de ne pas sortir trop loin tout seul, il n'appréciait que peu avoir quelqu'un dans les pâtes pendant son travail. Et après son réveil et sa fuite du métro, un moment tout seul n'était pas de refus pour se concentrer et découvrir ce monde ravagé.

Un cri retenti au loin, Vale se retourna un instant, cherchant sa provenance. Il aurait bien regardé, mais les bâtiments lui bloquaient la vue. Haussant les épaules, il continua sa route. Dépenser son énergie à courir partout pour sauver un type déjà mort n'était pas la meilleure chose à faire, et il le savait très bien.

Sa destination était finalement en vue. Un haut building d'où il aurait une vue imprenable sur le cartier. Un pur bonheur pour le sniper qu'il était. Il pressa le pas, se dirigeant vers un trou dans un mur qui lui permettrait de grimper jusqu'au toit.

Mais quand il entra dans l'étage, une chose attira son regard, mais pas directement dans l'immeuble, plutôt dans celui d'en-face. Il y avait à ce niveau un grand trou dans le mur, et Vale profita d'un bout toujours debout pour s'allonger derrière, sniper en joug.

Il y avait apparemment une fille allongée au premier étage du bâtiment d'en face, séparé du siens par une très large route, mais ce n'était pas tant elle qui avait attiré son œil, mais plutôt le mouvement derrière elle. La fille semblait dormir, alors qu'un zombar titubait vers elle. Le sniper vérifia son chargeur, c'était toujours celui de test, il pouvait encore se permettre un tir ou deux.

Il pressa la détente, et le coup de feu retenti. La tête du zombie explosa sous l'impact, et le reste du corps tomba lourdement en arrière. Vale resta là, regardant la tête que faisait la fille avec un petit sourire en coin. Ça allait attirer pas mal de monde… mais ils avaient le temps.

Lilli était tranquillement installée sur un amas de ruine qui était un ancien immeuble, et surtout, sa zone de repos, un ancien étage. Derrière elle, il y avait un large espace qu'elle n'avait pas prit le temps de fouiller. Elle n'en avait aucune envie, prenant un temps de repos après son escalade. Heureusement, le vent frais soulageait son moignon.

Les yeux fermés, elle profitait de la brise fraiche, des rayons de soleil réchauffant doucement sa peau. C'était agréable et détendant. Pendant qu'elle se détendait, son esprit qui fourmillait d'idées en tout genre, pour faire tourner en bourrique les hyènes. Oui, c'était son propre clan mais elle aimait bien jouer avec eux. En fait, avec tout le monde. Alors, elle réfléchissait à sa prochaine victime, ce qu'elle lui ferait subir...oh, elle était prête à tout pour s'amuser et s'occuper l'esprit.

Soudainement, un bruit se fit entendre. Un coup de feu, un grognement avant un petit bruit d'explosion. Surprise, la jeune femme se redressa brusquement et regarda autour d'elle. Derrière elle, elle aperçut un zombie, la tête explosée. Elle comprit alors que quelqu'un venait en quelque sorte de lui sauver la vie, en tuant ce fameux zombie.

- Qui est là?

Méfiante, elle fouillait du regard tout ce qu'il y avait autour d'elle, mais elle ne voyait pas grand-chose.
Elle soupira et attrapa sa prothèse qu'elle remit en place, sans se soucier de comment bougeait sa jupe. Une fois sa prothèse correctement remis, elle enfila ensuite le bas, ressemblant à une haute chaussette, remontant juste au dessus du genou. Ainsi, elle cachait la présence de la prothèse, car chez les hyènes, ce n'était pas une bonne idée d'attirer la pitié.
Lilli se leva et retourna dans la rue, lentement, cherchant à tâtons les prises, ce qui était plus dur avec une prothèse qui ne ressentait rien. Une fois en bas, elle regardait autour d'elle, à la recherche du tireur.

- Sors de ta planque ! Ou alors, tu as trop peur d'une fille ?

Son ton était provocateur, et la voix suffisamment forte pour porter assez loin. Elle ne se préoccupait pas de la présence de zombies qui allaient forcément entendre sa voix.

Un beau tir ! Le masqué était fier de lui. Bien entre les deux yeux, pille là où il visait. L’absence de vent avait bien aidé, et ayant le soleil derrière lui, rien n’avait empêché le tir parfait. Vale se relevait tranquillement après avoir actionné le verrou, restant à couvert contre une portion de mur plus importante et observait, comme toujours.

Il n’avait bien sûr pas oublié de récupérer la douille, histoire que personne ne sache qu’un type avec des munitions passait par là à l’occasion… même si la détonation avait fait un boucan d’enfer, dans 15 min il ne serait plus là.

Il commençait à prendre ses marques, ses habitudes. Sa précision s’était accrue à chaque balle, même s’il n’en avait utilisé que quatre de son chargeur de ‘’test’’, c’était suffisant pour qu’il reprenne la main apparemment. Il avait eu aussi quelques mésaventures lors de ses sorties, qui avaient eu l’avantage de lui apprendre la prudence, ainsi que la mobilité.

Au final, il se sentait presque chez lui ici…

Le temps de cette réflexion, la fille qu’il avait sauvée était redescendue dans la rue, et essayait de le forcer à se montrer. Nice try … Il remit son fusil sur son épaule, et sorti son colt, regardant un instant derrière lui au cas où un zombie aurait eu envie de faire la même chose que celui d’en face, mais c’était aussi désert qu’a son arrivé. Il se reconcentra  sur la fille l’esprit plus tranquille.

-Bonjour déjà ! Et je viens de te sauver la vie, tu devrais être un peu plus reconnaissante envers moi ! Si tu te le demande, je ne te veux aucun mal, sinon j’aurais laissé le cadavre te dévorer, ça aurait été bien plus distrayant à regarder.

Son ton était tout aussi provocateur, et se répercutait sur tous les buildings autour, elle aurait du mal à le localiser. Et il aimait bien le son de sa voix à travers son masque… ça rendait très bien !
Il l’observait toujours, détaillant son corps, ses vêtements, sa prothèse… Une nouvelle rencontre intéressante ou une autre victime pour lui ?

-Pour ce qui est de la peur, ton visage parle pour toi… et il est loin d’être effrayant ! Sinon là où je suis, il y a des chaises, je trouve ça bien mieux que la rue. Si tu continues à hurler là, tu vas rameuter toute la ville. Que dirais-tu de découvrir toi-même qui es ton magnifique sauveur ?

Ça ne lui ressemblait pas de longues phrases comme ça…  Mais la provocation ferait passer très certainement la situation en sa faveur, et au moins si elle venait, ça lui laissait le temps de se préparer psychologiquement à toute éventualité. Il s’installait donc sur une des chaises dont il avait parlé, miraculeusement debout après tout ce temps, et en plaçait une en face. Il attendait patiemment une réponse… sinon, il lui ferait peur, ou partirait tout simplement.